CHAPITRE 2

Musique du moment: Poor Infortunate Souls

Je ne saurais dire combien de temps cet homme est resté là, sur l'estrade, à nous expliquer tout les points dangereux du fait de vouloir créer un passage entre deux univers. Tout ceci me paraissait bien étrange, presque irréel, bien que je sois de ceux qui pensaient que notre dimension n'était pas la seule existante. Le fait de savoir qu'une telle avancée technologie soit soudain à portée de main pour l'espèce humaine paraissait tout simplement incroyable, comme un rêve duquel on ne sortirait jamais. Mais là n'était pas le seul détail qui me dérangeait: comment pouvait-il me connaître? L'avais-je déjà rencontré? Non, son visage ne m'était pas familier, tout comme son air arrogant et son sourire stupide. Ah, ça pour être fier il ne l'était pas qu'un peu. C'était limite s'il nous snobait tous! C'est mon job ça normalement !! Malgré mon entêtement à tenter de savoir qui il pouvait être – car MON-SIEUR avait omis de se présenter – j'écoutais ce qu'il nous expliquait. Je m'étonnais devant les détails minutieux qu'il nous donnait, semblant ne rien omettre dans son explication sans pour autant tomber dans l'ennui. Au moins, ce mec là savait de quoi il parlait, ce n'était pas juste quelqu'un qui faisait "comme si" contrairement à certains qui avaient parlé précédemment.

Une fois la conférence terminée, mon père se leva de son siège tout en m'incitant à faire de même. Je le suivis, songeuse, jusque dans le hall du bâtiment. Je me contentais d'observer le plafond créé d'une multitude de vitres qui nous permettaient de voir le ciel quelque peu voilé à l'extérieur. Lorsque je posais mon regard sur mon père, je fus surprise de voir ce sourire malicieux dessiné sur son visage. Automatiquement, je me mis à sourire moi aussi et lui demandai:

- Qu'est-ce qu'y a? Pourquoi tu souris comme ça?

Son regard glissa afin de se poser sur moi. Un petit rire lui échappa, faisant ainsi un bruit grave étrange dont j'avais pourtant l'habitude. Je remarquai alors qu'il se mordillait la lèvre discrètement et qu'il respirait lentement sans quitter ce sourire : chose qu'il faisait uniquement quand il avait quelque chose à me dire et qu'il essayait de me cacher pour faire monter le système. Il posa sa main forte et réconfortante sur mon épaule, tout en me disant:

- Disons que j'ai quelqu'un à te présenter.

Ses yeux observèrent alors quelque chose arrivant derrière moi, ou plutôt quelqu'un. Par réflexe, je me retournais et fus surprise de reconnaître la personne à qui j'allais être présentée. Je lançai un regard étonné à mon père, observant ce même homme qui m'avait interloqué pendant la conférence, qui connaissait mon nom et de qui je ne connaissais même pas le nom. Mon père enchaîna alors en tendant sa main vers l'homme en question qui nous avait désormais rejoints, tout sourire:

- Debby, je te présente Meredith Rodney McKay. C'est un scientifique étonnant que je tenais à te présenter.

Je ne pus m'empêcher d'arquer un sourcil, me sentant soudain de trop. "Allez ce n'est pas le moment de faire une crise d'angoisse Debby. On prend sur soi et mon sourit." pensais-je alors, tentant de calmer ce sentiment étrange de ne pas être à ma place et de me retrouver face à bien plus fort que moi. Pourtant, ce n'était pas l'apparence de mon interlocuteur qui pouvait me surprendre, rondelet comme il était, il était loin de rivaliser avec le corps grand et musclé de mon père. Ouais, bien loin de rivaliser. Son sourire malicieux était surement ce qui devait me déranger (bizarrement je n'ai jamais aimé les gens trop souriants, ils me font toujours penser à des gens qui ont quelque chose à cacher... ça expliquerait peut-être ma peur irrationnelle des clowns o_O Qui sait...?). Il tendit sa main vers moi afin que je la serre, main que je serrais sans grande conviction tout en dévisageant mon interlocuteur, en oubliant presque la présence de mon père.

- Il me tardait de rencontrer la fille de ce cher O'Brian.

Il ajouta alors, tout en me souriant naturellement encore et encore ce qui commença à m'agacer:

- Désolé de ne pas mettre présenté plus tôt. Je ne savais pas que vous réagissiez au quart de tout... comme votre père.

L'intéressé toussota comme pour indiquer à ce McKay que la remarque était malvenue. Ma main désormais libre de toute pression, se plaça dans les poches arrières de mon jean essayant de ne pas sortir des remarques blessantes comme j'avais l'habitude de sortir lorsque j'étais mal à l'aise. Ce fameux Meredith Rodney commença une phrase mais il fut coupé par l'arrivée d'un autre homme qui lui donna une tape dans le dos en lançant:

- Allez McKay, tu vois que tu en fais trop. Tu les ennuies déjà.

Ce dernier perdit alors son sourire agaçant, arborant cette fois-ci un air outré voire estomaqué. Les deux hommes se connaissaient visiblement, et mon père semblait ne pas être non plus inconnu au dernier arrivant car celui-ci lança à mon paternel.

- Hey, O'Brian! Ça fait un bail! Qu'est-ce que tu deviens?!

Inutile de dire que je me sentis alors comme totalement invisible. Je commençais même à échafauder un plan tordu pour sortir de ce bâtiment et rentrer chez moi afin de me placer sur mon sofa, un paquet de pop-corn sur les genoux, la télé comme seule compagnie. Cette fois-ci je croisai mes mains contre mon torse, cherchant une quelconque raison de m'éclipser de ce cercle. Si seulement je n'avais pas laissé mes affaires à la réception j'aurai pu écouter de la musique pour me calmer! Je posai alors mon regard sur le nouvel arrivant et me rendit compte qu'il était étonnant charmant, plus âgé que moi certes, mais il dégageait une assurance certaine et un charme fou. Ses cheveux bruns étaient légèrement ébouriffés, et ses yeux noisette pétillaient de malice. Sa chemise blanche, en partie cachée par une chemise noire de costume, était déboutonnée juste en haut, lui donnant ainsi un air décontracté tout en étant class. Il serra la main de mon père d'une manière qui ne trompait pas: ils se connaissaient depuis longtemps et s'appréciaient. Il me regarda alors et me dit sur un ton enjoué mêlé de plaisanterie.

- J'espère que McKay ne vous a pas effrayé. Il a tendance à s'emballer... enfin, vous voyez.

Je remarquai que sa voix était quelque peu cassée ce qui lui rajoutait du charme. Je m'empressai de répondre en souriant:

- Non, j'ai trouvé son discours très intéressant tout à l'air en fait...
- Tu vois, il y a des gens sur Terre qui apprécient mon travail ! ajouta Meredith (étrange non pour un homme... mieux vaut que je me rappelle uniquement de son deuxième prénom: Rodney). Il regarda son ami avec arrogance, ajoutant un "humpf" de contestation. Mais l'homme fit un pas en avant tout en tendant sa main vers moi, profitant de ce mouvement pour pousser légèrement Rodney. Y'avait pas mieux pour indiquer qu'une personne était de trop.

- Je m'appelle John, John Sheppard... vous avez vraiment compris ce qu'il a dit... OH! Mais... il se tourna vers mon père et lui lança, mais c'est ta fille?! Le génie en fac de maths!

Je ne pus me retenir cette fois-ci et m'écriai:

- Mais pourquoi tout le monde me connait?! Ça m'soule, j'ai l'impression d'avoir posté ma vie sur Internet c'est dingue?! (si j'avais été un chien nul doute que j'aurais été en train de montrer les crocs tout en grognant.) Mon père posa une nouvelle fois sa main protectrice sur mon épaule pour me calmer et me dit:

- C'est moi qui leur ai parlé de toi. Je ne t'en ai pas parlé parce que je tenais vraiment à te les présenter en personne. Reprenons les présentations veux-tu...?

Ce "veux-tu" n'engageait rien de bon... je sentais que mon père allait encore me sortir un truc bizarre comme il en avait l'habitude.

- Le Docteur McKay est un grand scientifique. Il a découvert des choses étonnantes en ce qui concerne l'informatique mais aussi sur les diverses réalités, qui, comme tu le sais, seraient semblables à la notre. Je voudrais que tu jettes un oeil à ses travaux. Tu comprendras pourquoi le moment venu. Et voilà qu'il se la jouait grand manitou avec ses prophéties incompréhensibles! Le lieutenant John Sheppard travaillait dans l'armée de terre et a été recruté pour des missions secrètes pour le gouvernement. D'ici quelques jours il t'accueillera dans une section de gouvernement où tout te sera éclairci.

Je ne pus m'empêcher de rire tout en disant à mon paternel:

- Si c'est une blague t'y vas fort. "Missions secrètes", "section du gouvernement", " tu comprendras le moment venu" ... tu te crois dans un film de science-fiction ou quoi?!

Le trio me dévisagea, chacun arborant un air différent révélant bien leurs pensées. Mon père était visiblement peu surpris de ma réaction, dégainant un sourire dont il avait le sourire et en arquant un sourcil, se donnant ainsi un air malicieux. Le fameux Meredith... euh Rodney... semblait perdu voire même sceptique à l'idée que je découvre une telle chose. D'un autre côté, le "lieutenant" John Sheppard paraissait ne pas se sentir gêné face à ma réaction. Il était d'une décontraction déconcertante. Qu'avait-il à sourire ainsi de façon si fière, hein?! Et voilà que mes pulsions agressives me reprenaient... zen !! JE SUIS ZEN !!! STOOOP! Hum... voilà là je suis calme. Reprenons.

Je fus vite diriger vers la sortie par mon père qui voulait, visiblement, me parler en privée. Il m'expliqua alors d'un ton toujours aussi calme qu'à son habitude:

- Dans quelques jours... 4 jours exactement, tu découvriras dans quelle section du gouvernement je travaille. Je ne peux pas t'en dire plus pour l'instant et tu sais très bien pourquoi. Travaillant pour le gouvernement, mon père était constamment surveillé. Il lui était donc impossible de me dire ses activités pour des raisons de sécurité nationale. Il me laissa donc sur le parking, sachant que je rentrerais en étant escorté par un homme de confiance, tout comme lors de mon arrivée. Je n'avais plus qu'à marmonner dans la barbe que je n'avais pas en attendant ce fameux jour.

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