Séquence 1 - Chapitre 2

Chloé.

Je ne sais pas trop comment mais la journée reprit son cours. Aly et moi nous dirigeâmes vers le prochain cours, seules. Où étaient donc passés nos deux comparses? Aucune idée, et à vrai dire, cela ne me préoccupa pas tant que ça. Je retombais dans la routine comme si je n’avais pas eu de discussions avec ces vampires dont l’un avait des idées bien étranges à mon sujet d’après les dires de mon amie.

J’écoutais le cours, je dessinais sur ma feuille, je gribouillais j’effaçais, je redessinais, réeffaçais, gribouillait encore, jusqu’à ce que ma feuille cède et se déchire un peu. Aucun bruit n’avait été émis par le papier lors de cet accident et pourtant je sentais qu’Aly avait remarqué mon accès de « gommage ». Je tournais la tête vers elle, me pinçai la lèvre comme une gamine et souriait gaiement. Ce n’était qu’un brouillon après tout.

Une fois de plus je me retournais, curieuse de savoir qui se trouvait derrière nous. Ma surprise fut de taille quand je vis les deux jeunes hommes qui me souriaient comme si de rien n’était. C’était la première fois qu’ils se rapprochaient autant de nous deux durant un cours… en omettant les cours en duo bien sûr, et en omettant également que nous n’avions pas eu assez de cours pour que je puisse prétendre que c’était étrange. Bouh, ce que je pouvais haïr mes raisonnements stupides et trop rapides pour que je les comprennent moi-même. J’avais l’impression de penser pour deux à certains moments.

J’avais déjà refait face à ma table quand notre prof nous demanda d’ouvrir nos livres à la page 13. Je feuilletais rapidement le livre au préalable histoire de voir la présentation général des leçons et des documents, puis me stoppais sur la page demandée. En son centre, on y voyait une peinture représentant des hommes en armure, portant soit des épées soit des lances, tandis que derrière eux se trouvaient quelques étendards représentant leur nation. Ce ne fut qu’à ce moment que je me demandais s’il était vrai que les vampires pouvaient vivre éternellement.

Si ça s’trouve ils ont mille ans les gars… pensais-je comme si ma réflexion était d’une logique tout à fait normal. J’aurais pu penser « peut-être qu’ils jouent au base-ball » que l’on aurait pas vu la différence. Je m’intéressais à ce que nous racontait notre prof d’Histoire, nous plongeant dans un monde où les guerres étaient routinières, tout comme la famine. Cependant, elle arrivait à nous fasciner, exprimant tout sous forme de récits épiques, relatant les diverses anecdotes autrefois contés par les troubadours dans le monde. Je me demandais même si je n’étais pas tombé dans un cours de poésie. Ce ne fut que lorsque la sonnerie retentit que je lançai à Aly:

- Pwa trop bien ce cours!

Si je n’avais pas été assise j’aurai sûrement sautillé sur place vu ma réelle approbation quant au contenu de ce cours qui tenu plus du cours magistral que du TD.

Alec et Edward étaient déjà partis, ce qui me rassura d’un côté car je ne tenais pas à savoir si Aly avait des raisons de croire qu’il voulait rester avec moi. Elle m’avait en effet expliqué quelques minutes avant qu’elle le voyait me lorgner, me dévisager. J’avais du mal à la croire bien que je sentais souvent son regard sur moi quand nous étions dans la même pièce. Elle ne le supportait pas et c’était visiblement réciproque. J’espérais juste qu’il s’efforcerait de faire des efforts et tiendrait sa promesse. La chose qui me surprenait le plus était surtout le fait qu’elle m’ait parlé de ce côté « possessif » presque fanatique qu’il développait à mon égard. Cela me paraissait idiot comme raisonnement mais je ne cessais de me demander si Aly avait raison à ce propos. J’espérais juste qu’Edward ne lise pas mes pensées à cet instant.

Ce dernier avait tenté tant bien que mal de ne pas écouter nos conversations privées et, de mon côté, j’avais essayé de ne pas « hurler mes réactions » comme il me l’avait conseillé. C’était bien difficile car j’étais du genre à constamment hurler dans mon crâne, à songer à des choses étranges, mêlées à d’autres choses banales, le tout relié par un non-sens. En clair: j’étais vraiment tordue.

Revenons à nos moutons…

Aly et moi sortîmes du cours en bavardant du cours que nous venions d’avoir, oubliant ainsi quelque peu nos soucis. Nous nous dirigeâmes vers le deuxièmes cours que nous avions également en commun. Heureusement, - ou malheureusement, tout dépend du point de vue - le prof était absent.

- Qu’est-ce qu’on fait? avais-je demandé à Aly en quittant le couloir principal.

L’air s’était quelque peu adouci. Il ne s’agissait plus de bourrasques gelées mais d’une légère brise qui faisaient virevolter nos cheveux avec élégance. Cependant, le ciel était toujours couvert, les nuages cachant le soleil.

Aly.

Professeur absent… hum. Le haut-parleur se mit en route et nous pûmes entendre :

« La première rencontre interuniversitaire aura lieu en fin d’après-midi. Réservez déjà vos billets pour assister au match dans la salle 4 du bâtiment 3. »

- On dirait qu’Alex s’est trompé dans ses prévisions en ce qui concerne l’agenda sportif. Dis-je en rigolant.
- Tant mieux! C’est génial. J’ai hâte d’y être!!
- Pouah j’ai qu’une seule envie, c’est que ça soit déjà terminé.
- T’es malade de pas aimer!
- J’y peux rien. J’aime pas c’est tout.
- T’es malade! Répéta Chloé en sautillant.
- C’est peut être pour ça que tu traîne avec moi non? Répondis-je un peu froidement.
- Exact lol. Mais c’est un crime de pas aimer ce sport! T’as tort.
- Tant pis.

Chloé m’entraîna vers le bâtiment 3 et arrivées à la salle 4, elle prit 4 billets. Quelle horreur. Voir ces tas de muscles suant comme des bœufs et les pom-pom crier au moindre point marqué par l’équipe... Je voulais tout mais pas ça! C’était pourtant pas compliqué ni trop demander, si? Apparemment je n’avais pas mon mot à dire. J’allais supporter et prendre mon mal en patience. Chloé à cet instant ne s’imaginait même pas la torture qu’elle allait m’infliger ( Sadique va ! ). Elle allait me le payer c’était clair et net. J’allais l’emmener voir la représentation de Roméo et Juliette que la troupe de théâtre donnerait d’ici la fin de l’année pour me venger. Non mais!

Dans le couloir, Chloé regardait les billets en souriant. Elle n’avait pas remarqué qu’un groupe de garçon nous suivait. Je voulais presser le pas mais ils auraient directement été alerté… Rester calme là, ne me disait rien du tout. Je voulais crier, appeler Edward de toute mes forces mais je m’efforçais de ne pas le faire. Les connaissait-ils? Que de questions et jamais de réponse… J’avais ralenti et Chloé avait disparu dans l’escalier qui la mènerait dehors. Je me pétrifiais quand l’un d’eux m’adressa la parole…

- Ce n’est pas très sage de rester seule dans les couloirs… Où est donc ton amie? Tu l’as laissée te devancer pour l’épargner? C’est gentil de te sacrifier pour elle mais je doute que tu nous suffise. T’as t’on déjà dit que sentais bon? Bien sur que non, c’est évident…

Il parlait et parlait encore tout en se rapprochant de moi. Me reniflant de temps à autre en exhalant un râle de plaisir. Dans ma tête, une voix criait et appelait Edward. Je sentis son odeur et plissais le nez. A côté de ça, Alec sentait la rose mais rien ne valait le parfum d’Edward pour moi bien entendu… Le vampire reprit la parole.

- Décidément, ton odeur me donne l’eau à la bouche. Tu es très fraîche et douce et en même temps, il y a juste ce qu’il faut d’épices. Il me renifla à nouveau comme pour mieux deviner mon odeur… Huum, glace à la vanille avec un filet de sauce caramel dessus. Très appétissant… vraiment alléchant. Je trouve quand même bizarre qu’on ne t’ai rien dit à ce sujet là. Mais bon je me félicite d’être le premier à te le dire.
- Encore un mot sur elle et je t’arrache la tête avec mes dents!
- Edward… Jubila-t-il. Ca faisait longtemps dis moi. Alors comme ça cette jeune fille est ta petite protégée? Intéressant… Très intéressant.
- Écartes-toi d’elle Victor… Ne m’énerve pas, ce n’est vraiment pas le moment... Gronda-t-il.
- Très bien Edward. Comme tu peux le voir, je ne lui ai pas fait mal. Je ne la toucherais plus… pour l’instant du moins… Mais tâche à l’avenir de la surveiller un peu mieux... Elle m’a mis l’eau à la bouche et je compte bien l’avoir. J’espère à très vite ma chère… Ne m’oublies pas.

Oublier cette puanteur allait être difficile! Pouah! Edward se tenait devant moi à présent. Il grondait sourdement en direction de Victor et de ses acolytes qui s’éloignait trop lentement à son goût. Ces derniers devaient encore s’emplir les narines de mon odeur. Je frissonnais à l’idée de revoir et sentir à nouveau Victor près de moi. Une fois hors de vue, Edward se détendit un peu mais il était encore tendu. Il se retourna vers moi et me fixa de ses yeux sombres.

- Je… Je vais bien. Lui dis-je. Je suis juste sous le choc. Ne t’en fais pas, ça ira…
- Tu es sûre?
- Oui. Allons dehors…
- Comme tu voudras. Me répondit-il en me soutenant par la taille par mesure de précaution me semblait-il.

Je n’en avais pas besoin mais le contact de son bras dans le bas de mon dos me faisait oublier la présence de Victor quelques instants à peine auparavant… Il s’en était fallu de peu cette fois-ci. A l’extérieur du bâtiment, Alex attendait avec Chloé. Chloé était inquiète et se rongeait encore les ongles de la main droite lorsque nous sortîmes. Je m’étais préparée à être taquinée par Alec mais ce dernier ne pipa mot. Sûrement à cause d’Edward qui n’avait toujours pas desserré ses mâchoires. Chloé se sentait au moins aussi coupable que moi quant à l’incident. Mais comment aurions-nous du agir? Fuir les auraient précipités à nos trousses et ça n’aurait pas aidé Chloé si elle était restée et se serait retrouvée encerclée par une bande de vampires sportifs. Je l’avais donc laissée partir en avant de moi volontairement pour rester avec eux. Edward devait m’en vouloir mais j’avais d’abord pensé à Chloé avant de penser à moi comme toujours… Edward du le lire dans sa tête car je vis du coin de l’œil que son air s’était un peu radouci. Lui aussi savait ce qu’il arrivait à Chloé en présence d’un vampire…

- Que fait-on des billets que j’ai pris pour le match? Demanda Chloé quelque peu déçue par la tournure qu’avait pris les événements.
- Il vaut mieux éviter d’y aller. Victor a senti Aly et … enfin… la situation est très dangereuse pour exposer une nouvelle fois l’une de vous deux à ces imbéciles.
- Edward, n’aies pas peur de dire que Victor veut boire mon sang. Chloé et moi savons ce que vous êtes et jusque là on s’est plutôt bien débrouillées… Non?
- C’est vrai, oui. Mais il n’empêche que c’est très inhabituel de mettre des humaines dans la confidence… Cependant le mal ayant déjà été fait, mieux vaut tout vous dire sur nous étant donné les circonstances.
- Vous allez devoir les tuer? Demanda Chloé.
- Oui et aussi les découper en morceaux et les brûler. Rajouta Alex une lueur malsaine presque sadique dans les yeux. Visiblement, il voulait se battre.
- Comment allez-vous les découper en morceaux?
- Avec nos dents Chloé… avec nos dents. Dit il en éblouissant Chloé avec un sourire qui en aurait charmé plus d’une dans un rayon de 10 km moi excepté.

J’allais presque avoir la nausée. Edward utilisant ses dents pour… Beurk! Et pourtant rien ne m’aurait fait plus plaisir en cet instant que de voir ce Victor en train de brûler sur un bûché coupé en morceaux. N’empêche, c’était dégoûtant…

- Aly se sent mal… Annonça Chloé. Aly, accroupis toi et penche la tête en avant.
- Qu’est-ce qu’elle a? Demanda Edward, inquiet.
- J’imagine que c’est le contrecoup des événements. Avec notre discussion et ces détails glauques, son estomac s’est définitivement retourné. Rien de bien méchant, enfin j’espère. Ca va Aly?
- Je sais pas. Je dirais oui mais mon estomac a l’air de vouloir dire le contraire. Je n’étais certes pas dans mon assiette mais je dis cependant à Alex. Tiens ta langue pour une fois d’accord?
- D’accord…
- Désolée de te priver d’une occasion de m’enquiquiner.
- Oh t’en fais pas pour ça. Je suis déjà bien content de savoir que tu n’as pas perdu ta langue.
- Avec toi ça m’étonnerait, Alec!

Alex.

Après le retour d’Edward je conduisis Chloé jusqu’à la chambre que je partageais avec Edward bien que cette commodité fut parfaitement inutile pour nous deux, je voulais que Chloé ait une nuit tranquille. Dormant déjà à moitié, je dus la porter jusqu’à « mon lit ». Je tâchais de ne pas trop la secouer mais dans les escaliers ce n’était pas une chose aisée. Elle parlait en dormant. Un éclat de rire m’échappa quand elle dit :

- Lâche-moi imbécile.
- Ce n’est pas raisonnable, tu trébucherais tout le temps. Je n’ai pas envie de te voir couverte de bleus. Voyons Chloé, tu tiens vraiment à te casser une jambe?

Sa réponse se perdit dans un grommellement. Mais elle ne protesta plus jusqu’à ce que je me baisse pour la déposer sous les couvertures de « mon lit »

- T’es lourd Alex, lâche moi.
- Comme tu voudras mais je te préviens que tu risque de passer à travers les lattes du lit. Je te lâche toujours où tu me laisses t’installer au lit?
- Je sais me débrouiller toute seule. J’ai pas besoin de toi.
- Je suis certain du contraire. Tu n’arrives même pas à garder les yeux ouverts. Laisse moi t’aider au moins pour cette fois. Là tu n’arrives à rien…
- Tu risques de me le payer… et cher.
- Tu crois que tu réussiras?
- J’aurais au moins le mérite d’avoir essayé. Non?
- Je ne te refuserais pas cet honneur.
- Je me demande bien ce que tu pourrais me refuser…
- Je n’y ai pas encore réfléchi…
- Dommage… J’aurais bien aimé savoir. Une prochaine fois, d’accord?
- Pourquoi pas.

Je la glissais donc sous les couvertures après ce bref échange. Elle avait marqué un point. Qu’étais-je capable de lui refuser? Pour le moment je ne voyais rien. Edward aurait, à ma place, déjà refuser pas mal de chose si Aly lui avait posé la question comme le fait de la transformer en vampire… Je n’y voyais aucun mal… Sans doute parce que je ne savais pas me priver de sang humain comme Edward le faisait. Alors transformer des humains en vampire me semblait naturel… Je me modérais et me tempérais à ce sujet mais je ne pouvais pas boire autre chose que du sang humain bien qu’Edward me dise que le sang des animaux carnivores ressemblent à peu de chose près au sang humain je ne pouvais pas adopter la logique d’Edward sur ce point.

Je posais à nouveau mes yeux sur Chloé. Elle rêvait à présent. Un rêve agité ponctué de commentaires. Une vraie télévision à elle seule. Un sourire étira mes lèvres à cette idée. J’effleurais sa joue du bout de l’index et allais m’asseoir sur le fauteuil qui se dressait dans le coin droit de la chambre à côté de la fenêtre dont le store n’était pas abaissé. La lune brillait haut dans le ciel, Edward avait dû s’amuser pendant sa chasse mais n’en n’avait sûrement pas profiter pour retrouver sa douce Aly au plus vite. En ce qui les concernait, je me demandais lequel avait fasciné l’autre en premier. Des souvenirs de la veille me revinrent en mémoire : l’expression abasourdie d’Edward lorsqu’il m’avait dit en sortant de son cours de Littérature « Je n’arrive pas à lire les pensées d’une fille de ma classe ». J’avais alors écarquillé les yeux au moins aussi surpris que lui qu’une humaine lui résiste. Il avait essayé maintes et maintes fois sans succès au cours de la journée. Du coup il espionnait Aly à travers les yeux de Chloé et c’est d’ailleurs par le biais celle-ci qu’il avait pu savoir qu’Aly avait des ennuis dans le bâtiment 3.

Le moins qu’on puisse dire c’est que cette journée avait été assez forte en émotions pour Aly… J’étais persuadé qu’elle s’en remettrait vu qu’elle n’avait pas perdu sa langue quant à ma pique. Le contraire se serait produit que je me serais inquiéter. Oui, je me serais inquiété pour cette petite peste que j’aimais bien tout compte fait. Toutefois, je ne le lui dirais jamais ni même à Chloé d’ailleurs car elle le lui dirait dès qu’elle en aurait l’occasion. C’était même sur je ne savais que trop bien maintenant que les intuitions d’Aly pouvaient me jouer de sales tours… Ainsi elle savait que Chloé comptait bien plus pour moi que je ne le montrais et elle avait mit cette dernière au courant. Voilà où j’en étais maintenant. Il me restait à savoir ce qu’il en allait pour Chloé… Mais là était tout le nœud du problème. Que ressentait-elle réellement en ma compagnie? L’agaçais-je tout comme me le laissaient entendre ses paroles tout à l’heure alors que je la portais? Ou bien se cachait-elle derrière elles pour ne pas que je vois ce qu’elle ressent réellement? Chloé avait de quoi me rendre chèvre mais je n’étais pas né de la dernière pluie et je disposais de tout mon temps pour y réfléchir. Je te démasquerais Chloé. Que tu le veuilles ou non, je découvrirais ce que tu veux cacher. Je te le promets.

Chloé.

Décidemment, aucune journée ne pouvait être banale ici ! Moi qui pensais pouvoir assister au match j’avais été déçue mais également pétrifiée à l’idée que mon amie se soit encore retrouvée en danger. Le premier réflexe qui me vint fut de m’en vouloir, me persuadant que tout ceci était ma faute car je n’aurais pas dû la devancer ainsi. Qui sait, peut-être que si j’avais été là, ces idiots de vampires pleins de muscles n’auraient pas eu l’idée de s’en prendre à elle… Bon ok, mon raisonnement était stupide car ce n’était pas avec ma carrure ridiculement petite aux côtés de mon amie que j’allais faire peur à des vampires bodybuildés. Mais je ne pouvais m’empêcher de remettre en question mon comportement.

Pourtant, alors que je n’avais rien réussi à énoncer à ce propos, j’eus droit au regard réconfortant d’Edward qui avait sûrement entendu mes pensées. Ça ne devait pas être bien difficile car je ne pensais qu’à ça (peut-être un peu trop fort d’ailleurs). Le pauvre, déjà qu’il était sous le choc, mes réflexions ne devaient pas l’aider. J’essayais de faire comme si de rien n’était face à mon amie et continuais de parler avec les gars. Aly eut soudain de légers spasmes déclenchés par son estomac qui réagissait à l’étrange discussion portant sur la mort des vampires qui avait parlé à mon amie. Pour ma part, les mots d’Alec m’avait donné à réfléchir, me permettant presque de sourire en imaginant ces imbéciles de sportifs brisés en deux par nos deux compères.

Une fois dans notre chambre, je tendis mon MP3 à mon amie, espérant qu’elle réagisse aussi bien que moi à la musique. Bien sûr je l’avais déjà vu écouter de la musique quand elle était stressée ou, au contraire, aux anges… mais je ne savais pas si la peur pouvait être effacée par ces notes, ce bruit, ces mélodies qui faisaient parties de mon quotidien.
Edward était parti chasser tandis qu’Alec et moi restions au chevet d’Aly qui s’était endormie dès les premières notes. La pauvre, elle devait être exténuée. Je m’étais assise par terre, les genoux repliés contre ma poitrine, observant le visage de mon amie qui paraissait désormais serein malgré le fait qu’elle s’agite un peu dans son sommeil. Alec me demanda à voix basse, chuchotant presque pour ne pas réveiller mon amie:

- A quoi tu penses?

Je soupirai et balançai ma tête en arrière pour le regarder. Même à l’envers, ce vampire dégageait un charme fou.

- Je… j’ai peur pour elle.

Se mettant à son tour assis par terre, sans faire un seul bruit, il se mit à mes côtés, le dos légèrement en arrière, se tenant en équilibre à l’aide de ses mains posées à même le sol.

- Ne t’en fais pas pour elle. On est là pour la protéger… il marqua une pause et rajouta, et pour te protéger.

Je déglutis, me demandant pourquoi il fallait me protéger. Il ajouta alors:

- Aly n’est pas la seule à dégager une odeur irrésistible pour des vampires… son caractère teigneux la rend juste plus apte à attirer les traqueurs.
- Arrête de raconter n’importe quoi Alex…
- Crois moi, tu as autant de raisons d’attirer les convoitises qu’elle.
- Là n’est pas la question. C’est elle qui s’est faite « attaquer » et si j’avais été là Victor ne s’en serait pas pris à elle.

Il échappa un petit rire et me fixa du regard.

- Tu es si naïve Chloé… si tu avais été là, les choses auraient pu déraper à mon avis. Tu ne te rends pas compte de tes réactions étranges en compagnie de nous, vampires.

Je le regardais, interloquée, cherchant à comprendre ses mots mais mon cerveau était comme grillé. Je n’eus pas besoin de l’écouter pour comprendre qu’il m’expliquerait plus tard.

Edward ne tarda pas à revenir de la chasse et, étrangement, sa présence me soulagea car je savais qu’il allait faire tout ce qui lui était possible pour protéger Aly qui dormait toujours profondément. Pourtant, suite à la discussion que je venais d’avoir avec Alec, je ne pus m’empêcher de répéter inlassablement des « blablablabla » dans ma tête pour qu’il ne lise pas dans ma tête. Cela me faisait quelques peu marrer de voir qu’il ne comprenait pas ce que je faisais en brouillant mes pensées. Cependant, à force de garder mes yeux ouverts, je me fatiguais de plus en plus et sentis mes paupières s’alourdir. Cherchant à me lever, je manquai de tomber et fus retenu par les mains froides et habiles d’Alec qui semblait ne pas avoir bougé pourtant.

- Tu ferais mieux de te reposer Chloé, me lança Edward déjà assis sur une chaise près de mon amie. Ouais bonne idée. ajouta-t-il à l’attention d’Alec qui venait de penser à une chose qui m’était inconnue. C’était agaçant de ne pas comprendre ce qu’ils pouvaient se dire à cet instant.

Le bras d’Alec entoura ma taille pour me soutenir et me permit d’avancer de façon à quitter la pièce. Où m’amenait-il? Je ne tardais pas à clore les paupières et à sombrer dans un semi sommeil. C’est alors que mes pieds se décollèrent du sol. Avait-il osé? Effectivement, il me portait désormais dans ses bras et je tentais de me débattre mais mon corps trop fatigué ne me répondit pas. Seule ma voix me permit de me plaindre (apparemment c’était une chose que j’aurai pu faire même à l’article de la mort xD) Je lui ordonnais de me lâcher mais il n’en fit rien. Je lui disais de me laisser mais il restait. Quelle tête de mule celui-là ! Il alla jusqu’à me mettre dans son lit… et oui monsieur avait eu la bonne idée de me mener dans sa chambre. Abruti !

Je sombrais dans un sommeil agité de rêves étranges. Un seul me marqua cependant.

Je marchais dans les couloirs sombres du bâtiment, seule. Un vent chaud presque bouillant inondait les lieux et créait ainsi des gouttes de sueur coulant le long de ma nuque. Au fur et à mesure que j’avançais, la chaleur augmentait au point de m’en donner la nausée. Ce fut à ce moment là que je lâchais un « Il fait trop chaud !». Une seconde à peine passa et je sentis un contact froid contre ma peau perlée de sueur. Cette sensation me permit d’avancer plus aisément parmi la fournaise. Une fois arrivée dans la cour principale je me retrouvais sous un ciel illuminé par les étoiles et le froid m’envahit. Je frissonnais mais me surpris à apprécier cette sensation. La lune brillait de mille feux et je tombais à genoux devant sa beauté. Le vent chaud disparut et je me retrouvais seule. La fraîcheur s’estompa peu à peu comme si on la retirait de mon propre corps ce qui me fit échapper un « Nooon! » plein de tristesse. La fraîcheur revint aussitôt.

Pffiou quel rêve bizarre! J’avais l’habitude des rêves tordus du genre: poursuivie par Scream, je m’arrêtais et me mettais à discuter avec lui puis me prenait un panneau publicitaire tout comme les Toon’s le faisaient dans les dessins animés. Mais ce rêve là était beaucoup plus subtil, plus étrange et profond.

Ce ne fut que lorsque je me réveillai que je compris d’où venait le froid qui m’avait englobé. Des bras avaient encerclés mon corps tandis qu’un torse était accolé à mon dos. Comprenant en peu de temps, je m’assis d’un bond sur le lit en dévisageant Alec et en lui hurlant:

- Mais ça va pas?!! Qu’es’ tu fous?!

Un sourire malin se dessina sur son visage tandis qu’il se grattait la nuque et me répondait:

- T’avais chaud, c’est même toi qui l’a dit…

Raa pourquoi je parle dans mon sommeil !!!

- Alors j’ai pensé que je pouvais faire baisser ta température… t’étais bouillante.

J’hésitai entre lui fouttre une tarte, me barrer en courant, foncer dans un mur, me jeter par la fenêtre ou même arrêter de respirer pour mourir étouffée. La première solution me parut alors idéale. Emportée par une pulsion je serrais mon poing et tentais de lui frapper la mâchoire mais il fut plus rapide que moi et m’évita avec une agilité étonnante. A son tour, il tenta de m’empêcher de le frapper en plongeant vers moi mais je l’évitais en sautant vers ma droite sans quitter le matelas. Il se figea alors. Debout sur le lit, toujours prêt à bondir, son regard était plein de stupéfaction. Je demandais alors:

- QUOI?! J’ai pas le droit de te tarter ou quoi?

Il ne bougea pas, me fixant toujours avec un regard mêlé de surprise et de curiosité.

- MAIS QUOI?!!
- Comment tu… comme t’as fais?

Je ne comprenais vraiment pas ce qui le gênait. De plus, le fait qu’il ne m’expliquait pas m’agaçait au plus haut point.

- MAIS QUOI?!!!!!!!

A cet instant, Edward entra, sûrement alerté par ma voix agressive - à moins que ce ne soit par les pensées d’Alec ? Il déposa Aly sur son lit en moins de temps qu’il en faut pour le dire (hum elle avait sûrement appris à voler aujourd’hui hi hi). Elle avait repris des couleurs et semblait aussi intriguée que moi. Edward me dévisageais à son tour, cherchant sûrement à trouver quelque chose dans ma tête.

- Quelqu’un peut me dire ce que j’ai fais de mal?!

Alec étant incapable de parler tellement il était surpris, ce fut Edward qui me répondit:

- Comment as-tu fait pour l’éviter?
- Hein?
- Quand il t’a sauté dessus… comment l’as-tu esquivé?

Aly bondit alors vers Alec en lui hurlant:

- Tu l’as attaqué?!
- Mais non !

Il esquiva alors sans mal la claque qu’elle s’apprêtait à lui lancer et croisa ses poignets dans son dos afin qu’elle ne cherche pas à recommencer. Edward les montra alors et rajouta à mon intention:

- Une humaine ne PEUT PAS esquiver aussi aisément un vampire, tu vois bien. Alors comment as-tu…

Lisant alors dans mes pensées - du moins je le supposais - il comprit que je me rendais à peine compte de ce qu’il venait de m’expliquer. Je ne m’étais effectivement pas rendue compte de ce détail anodin. J’arquai un sourcil et lançai un regard interrogateur à Alec qui lâcha Aly et haussa les épaules:

- Désole Chloé je ne comprends pas plus que toi ce qu’il s’est passé.

Les deux vampires s’éloignèrent vers un coin de la pièce afin de discuter. Leurs voix étaient tellement basses qu’il m’était impossible de percevoir le moindre son. Leurs bouches bougeaient si vite qu’il était également vain d’essayer de lire sur leurs lèvres. Je commençais à parler à Aly et bizarrement notre discussion s’emplie de joie et de rire. Nous étions heureuses de pouvoir discuter sans craindre que l’une ou l’autre soit en danger. Nous parlions comme si rien ne nous était arrivé les jours précédents:

- Toi t’as un esprit blindé et moi je bouge plus vite qu’un vampire sexy.

Disant ce dernier mot, je me mordis la lèvre et plaçai la main sur ma bouche comme pour empêcher autre chose de m’échapper. Les vampires se turent un instant mais Aly enchaîna rapidement, non sans oublier de m’adresser un sourire malicieux qui me montrait qu’elle n’en avait pas fini avec moi.

Nous continuâmes de discuter sans même nous soucier de la présence de nos deux compères - du moins j’essayais de pas trop penser à eux.

- ça va mieux toi? T’as récupéré? demandais-je à mon amie en m’asseyant en tailleur sur le lit d’Alec.
- Ouais j’ai dormi pendant quelques heures alors ça va déjà beaucoup mieux… même si je suis pas totalement rassurée non plus. me répondit Aly en prenant place sur le matelas d’Edward qui était situé juste en face.

Je posais mes coudes sur mes genoux afin de poser mon menton dans le creux formé par mes mains. Durant un instant, je réfléchissais au fait que nous soyons ici tous les quatre. Je demandais alors à Edward et Alec:

- Les gars, ça vous embêterait de nous laisser deux minutes toutes les deux. On a des… trucs de filles à se raconter.
- Pas de problème. me répondit alors Edward de sa voix mielleuse, on sera juste à côté, ajouta-t-il en se dirigeant vers la porte

J’échappai un petit rire et ajoutai à l’attention d’Edward:

- Et essaie pas de lire mes pensées hein.
- C’est vrai qu’il a la fâcheuse tendance à se la jouer « voyeur » le p’tit Edward, hé hé répondit Alec en lançant une sourire taquin à son ami qui l’avait ensuite attrapé par le bras pour le tirer à l’extérieur.

Une fois seule à seule, nous pûmes enfin discuter d’un sujet plus, disons, délicat. Aly ne tarda pas à montrer sa curiosité, tandis que ses yeux manquaient de briller de malice.

- Alors c’était quoi ce lapsus révélateur hein?

Je me pinçai la lèvre et m’allongeai sur le lit, sur le ventre, les coudes posés sur le coussin et ma tête toujours dans le creux de mes mains.

- Arrête c’était juste une bêtise, c’est tout. répondis-je à son attention, tentant moi-même de me convaincre que rien de ce que j’avais dis n’était sérieux.

Aly descendit du lit et me rejoins sur le matelas, visiblement prête à m’extirper quelques informations.

- Allez Chloé, j’te connais… t’as craqué pour cet abruti?

Edward.

Alors que je partais chasser, des centaines d’idées me submergèrent. Devais-je, comme le pensait Alex, détruire ces vampires fans de sport ou devais-je les laisser pour le moment? Devais-je parler à Aly de ce que je ressentais réellement à son égard? Devais-je lui dire que si mon cœur pouvait encore battre il arracherait ma poitrine sous l’émotion qui me submergeait en sa présence? Devais-je… j’en avais presque mal au crâne. Cependant, le fait de laisser libre cours à mon instinct pendant ma chasse, me permit de me détendre. Heureusement pour nous, vampires, la forêt n’était pas bien loin et elle regorgeait de gros gibier qui satisfaisait aisément notre soif sans que cela n’attise la curiosité des autorités.

Une fois revenu dans la chambre d’Aly et Chloé, je trouvais cette dernière et Alex en train de discuter. Dès qu’elle m’aperçut, Chloé emplie son esprit de pensées sans sens, ce qui me fit échapper un sourire. Le fait de cacher ses pensées ne la rendait que plus compréhensible. Elle ne voulait pas que je sache ce qu’elle pensait d’Alex mais c’était évident. Elle en pinçait pour lui… et on ne pouvait pas dire qu’il soit insensible à son charme. Aurais-je là notre futur couple de l’année.

Tombant de fatigue, Chloé ne réagissait presque plus à ce qu’on lui demandait. J’entendis alors les pensées d’Alex qui s’adressait directement à moi par le biais de ma télépathie:

« Il vaudrait peut-être mieux que tu restes avec Aly ici pour lui parler à son réveil. Je crois qu’elle est plus bouleversée qu’elle ne veut le montrer. De mon côté je vais porter Chloé dans notre chambre. OK ? »

J’acquiesçai et, une fois seul, je me tournais vers celle qui me faisait tant penser à Juliette… j’espérais juste que la fin tragique de cette histoire ne nous était pas destinée. Je caressais doucement sa joue tiède avec mon index et la regardait dormir en silence. A cet instant, j’aurais tout donné pour savoir à quoi elle pouvait rêver car un sourire angélique se dessinait sur son visage harmonieux. Ma main se posa ensuite sur son front, caressant ses cheveux avec douceur… elle n’était que douceur et je n’étais qu’un monstre, bien qu’elle semble convaincue du contraire.

Une fois qu’elle fut réveillée, elle me demanda où était passé l’étrange duo et je l’informais de la situation. Je la rassurais en lui disant qu’Alex n’avait pas de mauvaise intention envers son amie mais je tentais tout de même, au bout de quelques temps à vérifier que tout se passait bien. Une fois plongé dans l’esprit d’Alex je me rendis compte de ce qui se tramait au dessus. Me relevant brusquement sous l’effet de la surprise j’échappai :

- C’est impossible!

Aly me regarda alors, stupéfaite et inquiète. Je l’attrapais par la taille, la soulevant sans problème et sortait de la chambre en la portant sous le bras. Ma condition de vampire m’avait donné des capacités étranges dont la vitesse et la force surhumaine que j’aimais utiliser. Étant parmi les plus rapides de mes congénères, je ne tardais pas à rentrer dans notre chambre, retrouvant Alex et Chloé, face à face tels des combattants ennemis. Je déposai Aly en douceur tout en posant ma main dans son dos et demandait alors à Chloé comment avait-elle réussi à éviter Alex. En effet, les vampires étaient tous dotés de cette rapidité hors du commun et aucun humain n’était capable de rivaliser avec cela. Or, Chloé allait contre cette règle, tout comme le faisait Aly avec son esprit impénétrable.

Cherchant à lire les pensées de Chloé, je ne trouvais que de l’incompréhension car elle-même ne se savait pas capable d’une telle chose. Je remarquais ensuite le regard interrogateur que lança Chloé à Alex… si ça c’était pas une preuve qu’elle l’aimait bien hein! De son côté, mon ami semblait emplie d’une tendresse que je ne lui connaissais pas, c’était un peu comme s’il tentait de protéger sa moitié.

Les filles demandèrent à rester seules afin de discuter et la requête de Chloé manqua de me faire rire. Elle devait penser que je lisais constamment ses pensées pour savoir les pensées d’Aly et, d’un côté, elle n’avait pas tord… mais bon il ne fallait pas non plus croire que j’étais incapable de leur laisser de l’intimité.

Nous sortîmes et, à peine eus-je fermé la porte qu’Alex se rua sur moi en me demandant:

- S’te plaît, dis moi à quoi elle pense maintenant !!!
- Mais j’ai promis que je les laisserais.
- Mais c’est pas par rapport à ce qu’elles disent là, c’est juste pour savoir ce qu’elle pense… nan mais c’est sûr elle me déteste, elle me hait. Normal, elle doit penser que je suis un monstre… et en plus elle a raison. Raaaaa!

J’échappai un rire et lui répondis:

- T’es plus intéressé par elle que tu n’oses lui avouer, hein?
- Mais non c’est juste que… que…

Je tentais alors de lire ses pensées et il recula brusquement en s’écriant:

- Ah non joue pas à ça avec moi !
- Alors dis moi la vérité, ajoutais-je en croisant les bras contre ma poitrine, le toisant du regard.

Il marmonna un instant, cherchant ses mots et, levant les bras en l’air il répondit:

- Ça va, ça va !! Ok j’avoue ! Je…

Je ne pus écouter ses derniers mots car les paroles d’Aly parvinrent à mon oreille. Alex ne sembla même pas s’en rendre compte vu qu’il pensait plus à sa petite personne (pour pas changer) qu’à autre chose… à moins qu’il ait lui aussi écouté la conversation sans mot dire. Nous rentrâmes à nouveau dans la pièce et je ne pus m’empêcher de contempler celle qui avait éclairé mes songes quant à notre étrange relation.