Séquence 3

Chloé.

La nuit fut étrangement calme. Aly et moi avions eu une journée assez chamboulée et nous ne tardâmes pas à plonger dans les bras de Morphée. Au petit matin, nulle lumière ne s’échappait des fenêtres dont les stores auraient pu laisser passer quelques rayons. Je me levai cependant, bien consciente qu’il était temps de m’habiller et de manger. J’ouvrai lentement les stores, me préparant à être aveuglée par la lueur mais rien de tout ça n’arriva. Le temps était couvert par d’épais nuages, la cour principale était humidifiée par la pluie qui était tombée durant la nuit et qui m’avait aidé à dormir, les arbres semblaient danser avec le vent. Je soupirai et prévint Aly que j’allumai la lumière. Appuyant sur le bouton, je fermai les yeux aussitôt attendant que mes pupilles s’habituent. Les quelques tâches noires de ma vision disparurent au fur et à mesure que je parvenais à ouvrir les yeux. Je m’étirais au point d’en faire craquer mes os et poussait un soupir de plaisir. « Nouvelle journée » rimée avec « nouvelle pensée ». Et ce matin, mon moral était au beau fixe malgré l’absence de soleil. J’allumai la chaîne hifi afin de réveiller Aly en douceur, mettant une musique apte à la réveiller sans la faire hurler de rage xD… et oui, tout le monde n’est pas apte à se réveiller avec du métal ou rock punk. Ce matin là, je pris une douche rapide et m’habillais en vitesse. Changeant de jean, je regardais la matière plus foncée que celui de la veille et me réjouis qu’il m’aille à merveille. Par-dessus un t-shirt noir, j’enfilai un sous-pull vert anis que j’aimais tant. Relevant mes cheveux châtain avec une pince, je jetai un coup d’œil à la fenêtre. Le temps n’avait pas changé mais la pluie menaçait toujours de retomber. Je lançai à Aly, une fois qu’elle fut éveillée et habillée:

- Prête à aller manger?

Un sourire se dessina sur son minois, exprimant une réflexion du genre « Toi c’est clair que oui, tu crèves la dalle hein xD ». Je pris un air enfantin et nous nous dirigeâmes vers le self où était préparé de quoi prendre un bon petit déjeuner. On y trouvait aussi bien du sucré que du salé: bacon et œufs étaient disposés prêt des yaourts et des céréales sans pour autant que cela paraisse gênant pour les personnes habitués à ce genre de petit déjeuner. Mon premier réflexe fut, malgré moi, de savoir si ILS étaient là. Mais je ne les aperçu point. Prenant un plateau, je suivis Aly comme son ombre et le remplissait de nourriture afin de bien commencer la journée. Mon estomac criait famine et j’étais bien déterminée à le remplir.

Nous asseyant à une table ronde pouvant contenir 6 personnes, nous commençâmes à rire tout en mangeant de façon détendue. Tout nos ennuis s’étaient visiblement envolés durant la nuit et le petit-déjeuner était loin de nous faire penser aux choses de la veille… pour l’instant.

Aly.

Depuis le réveil, tout se passait bien. Les soucis et tracas de la veille envolés au lointain. Je respirais mieux et profitais également mieux du cadre qui nous entourait malgré le ciel plombé par les nuages gris j’étais contaminé par la bonne humeur de Chloé qui irradiait d’elle tel un soleil à son zénith en plein été. Il était difficile d’ignorer cette bonne humeur pour moi qui était très réceptive aux changement d’humeur de mon entourage et encore plus quand ceux-ci étaient des proches. C’est donc d’aussi bonne humeur qu’elle que j’accueillis cette journée. J’avais faim! Excellente nouvelle vu que Chloé nous avait servi des assiettes capable de nourrir un régiment.

- Je suis loin d’être une oie qu’il faut gaver Chloé! Je lui fis en rigolant.
- Ah bon, je croyais xD. Répondit Chloé sur le même ton avec un air innocent collé sur le visage. Ca n’allait tellement pas avec notre humeur du moment que j’explosais de rire.
- Tu vas le payer! Je te le garanties!
- Sur combien d’années?
- Mdrrrrrrrrrrrrrrr. T’en tiens une couche aujourd’hui.
- Pas qu’une on dirait… xD.
- Ca c’est clair. Ca va donner…
- Oui!! Hihihi.

Entre la Chloé d’hier et la Chloé d’aujourd’hui, il y avait une grande différence. Il devait en être de même pour moi mais je retrouvais « ma » chloé. Peut être était-ce à cause de leur absence? En tout cas, la mauvaise expérience de Chloé hier m’avait vite fait comprendre que je ne voulais pas voir un deuxième moi dans un rayon de 10 000 km autour de Cambridge. C’était très perturbant et angoissant… Nous rendîmes nos plateaux et nous nous séparâmes pour assister à nos cours respectifs. Nous ne nous verrions pas avant le déjeuner de midi.

- A plus Chloé!
- A plus Aly.

J’entrais en cours. (C’était la journée des surprises ou quoi?!) Edward était assis sur l’autre tabouret de « ma » paillasse tout sourire en me voyant arriver. Je lui sourie aussi (à cause de ma bonne humeur) et m’assis à côté de lui. A peine assise, il m’expliqua pourquoi il était là plutôt qu’à sa place.

- Je me suis mis à côté de toi, ça sera plus pratique pour le travail d’équipe.
- Hum d’accord.
- Comment vas-tu? Chloé a l’air de se sentir mieux qu’hier. Elle rayonne aujourd’hui.
- Je vais bien, merci. Oui, je préfère la voir comme ça plutôt que comme hier.
- Pourquoi? Me demanda-t-il.
- Il faudra qu’on en reparle une prochaine fois, c’est trop compliqué à expliquer.
- J’ai tout mon temps tu sais…
- Je sais... Plus tard tu veux bien?
- Tout ce que tu voudras.

Mr. Turner arriva dans la salle de classe et derechef, il approuva que nous soyons assis l’un à côté de l’autre. Je fis la moue en entendant les pimbêches jacasser juste derrière nous et en jetant un coup d’œil vers Edward, je vis que lui aussi avait perdu son joli sourire. Quel dommage! J’aurais bien voulu que son sourire me fasse oublier cette contrariété. Si je continuer la dessus ma bonne humeur s’envolerait ce qui n’était pas loin d’arriver… A croire que je ne savais pas rester heureuse plus de quelques heures. Maudits soient ces pimbêches! Je parlais dans ma barbe et Edward se retourna plusieurs fois vers moi en levant un œil interrogateur. Je devais lui tapait sur le système à ne pas lui offrir mon esprit sur un plateau déjeuner mais tant pis, j’étais comme ça. Il ne me changerait pas maintenant. La belle affaire, j’avais un vampire qui allait me coller aux basques pour savoir le moindre petit détail sur moi ainsi que mes pensées. (La poisse…) Mais je préférais autant ça aux taquineries de ce crétin d’Alec… Qui devait être avec Chloé à cette heure-ci. Comment ça se passait entre eux? Je donnerais cher pour le savoir. Edward était tranquille pour le coup à espionner tous ces esprits en même temps mais j’aurais vite eu mal à la tête. (Toutes ces voix… Pwaaaah!)

- Tu n’as pas mal à la tête à force d’entendre toutes leur voix? Demandais-je à Edward en chuchotant devinant qu’il n’aurait aucun problème à m’entendre.
- Non.
- Je dois t’agacer à être imperméable…
- C’est vrai que de ce point de vue la c’est frustrant mais pas agaçant mais à dire vrai, tu m‘attires plus qu‘autre chose.

(Et vlan! Prends toi ça en pleine figure Aly…) Remarque, je l’avais cherché. Et puis pourquoi cacher ce qu’on ne pouvait nier? Je n’avais nul force pour cacher ce que je ressentais en revanche les causes restaient profondément inconnues. Il m’arrivait même de ne pas saisir l’origine d’une émotion que je n’avais pas vue venir ou qui arrivait sans raison apparente… Je ne savais pas quoi répondre à Edward. Je baissais la tête et me cachait le visage derrière mes cheveux.

- N’oublies pas que tu as promis de tout m’expliquer sur toi.

Comment oublier cette stupide promesse que je regrettais déjà d’avoir faite sauf si je pensais que j’allais passer du temps avec lui et cette perspective faisait battre mon cœur un peu plus vite que la normale. Les lèvres d’Edward s’étirèrent à nouveau. Il avait du entendre mon cœur mais heureusement pour moi qu’il ne savait pas l’origine de cet emballement cardiaque. J’inspirais profondément et me forçait au calme.

Chloé.

Généralement, le soleil était la raison de ma bonne humeur et pourtant, ce jour là, il ne montra pas le bout de son nez. Seul un vent frais, et une constante humidité étaient présents. Étrange, car je ne me sentais pas triste à cette idée contrairement à d’habitude. Je manquais de siffloter dès qu’un silence s’installait entre Aly et moi. J’avais bel et bien repris du poil de la bête. Le fait de manger comme un ogre ce matin là augmenta ce fait, et je me sentis aussi bien qu’un jour de vacances.

Ah oui c’est vrai… on avait cours aujourd’hui. Alors que nous nous séparions pour voguer à nos cours respectifs, je regardais Aly s’éloigner et lui lancer un dernier sourire plein de vie. Je rentrais à mon tour dans ma salle de cours. Aujourd’hui je commençais avec un cours d’étude des journaux étrangers. Le tout ayant pour but de regarder les divers journaux du monde réunis devant nous afin d’en extirper les informations essentielles. Je m’assis à une place centrale, le lieu étant privé de fenêtres accessibles et posait mon sac contre le pied de ma table. La place à mes côtés étant libre, je me demandais si l’un de mes camarades oseraient s’asseoir à côté de moi. Je m’imaginais les pensées stupides et bornés des élèves à propos des françaises. Je soupirai à cette idée mais gardais ce sourire qui semblait ne pas vouloir me quitter pour une raison inconnue.

Je pris soin de mettre mon portable en silencieux, le temps que le professeur face son entrée. La classe n’était pas encore au complet et pourtant la plupart des personnes présentes avaient déjà entamé de grandes discussions auxquelles je ne cherchais pas à adhérer. Une ombre se dessina sur ma table. Je me retournai afin de savoir qui se tenait à mes côtés, debout et silencieux, le regard rivé sur moi avec cet éternel sourire. Alec…

Pour une fois, je décelai une différence dans sa façon de me regarder. Il avait quitté son attitude fier et dérangeante pour paraître plus agréable. Étant dans mon beau jour, je ne l’engueulai pas (chose que j’aurais faite la veille) et lui demandai sur un ton des plus curieux:

- Que me vaut l’honneur de ta présence?

Il échappa un petit rire qui sonna comme des clochettes à mes oreilles sensibles aux mélodies. Sans me quitter des yeux une seule fois, il me demanda en se baissant légèrement:

- ça t’embête si je me mets à coté de toi? Je crois qu’on devrait parler un peu.

Ce ne fût qu’à ce moment - lorsque que je sentis son parfum si unique - que je me sentais perdre l’usage de mon corps. Sa voix était telle une mélodie enchantée, et moi je n’étais que la pauvre mortelle incapable de résister à ce charme qui m’était jeté. Mon regard ne me trahit pas pour autant, bien que mes poings se soient serrés sous la table. Alec n’attendit pas ma réponse et s’assit sans faire un seul bruit. Je me rappelai pourtant avoir fait un réel vacarme en voulant tirer ma chaise afin de m’asseoir.

Je m’attendais à ce qu’il me harcèle de questions et pourtant, une fois assis, il ne dit pas un mot. Me contemplant du coin de l’œil, je sentais un frisson parcourir le long de mon dos, me permettant ainsi de retrouver l’usage de l’ensemble de mon corps. Je détestais réagir aussi bêtement et pourtant je ne pouvais y échapper. Non pas que je sois apeurée… bien au contraire.

Le silence fut rompu par l’entrée des derniers élèves et de notre professeur. Celui-ci avait les bras chargés de journaux et avait une sacoche dont la lanière reposait sur son épaule. Il ne tarda pas à nous partager les taches, distribuant à chaque table une série de journaux paru le jour même: dans le genre rapide on faisait pas mieux. Je déposai enfin mes mains sur la table après m’être assurée que celles-ci ne tremblaient plus puis me tentai à lancer un regard en direction de mon partenaire de classe. Son regard émeraude ne m’avait toujours pas quitté et je sentis mes joues s’empourprer. J’échappai alors:

- Quoi? Qu’est-ce que j’ai?

Lui, toujours aussi détendu - si ce n’était plus qu’Edward lui-même - ne bougea pas. Je bougeai alors ma main devant ses yeux afin de tenter d’attirer son regard autre part. Il saisit alors celle-ci avec une étonnante rapidité mais également avec une étonnante délicatesse. Sa peau froide et douce me rappela la veille où il avait posé sa main sur mon épaule. Mon cœur eut un raté et je ne sus que répondre. Cependant, il se chargea de combler le vide aussitôt en me disant:

- Je t’effraie?

Nul son ne put sortir de ma gorge, trop serrée par les frissons à cet instant. Je me contentai donc d’hocher la tête de droite à gauche telle une gamine ayant fait une bêtise.

- En es-tu sûre?

Je pensais que la peur m’avait submergée et que c’était elle qui m’empêchait de m’exprimer mais ce ne fut que lorsque je sentais le pouce d’Alec qui caressait ma peau que je compris. Je ne pouvais détacher mon regard du sien et sa présence m’impressionnait. J’étais incapable de m’extirper de cette situation car je ne le désirais tout simplement pas. Le froid que dégageait ses mains était tel un caresse mortelle sur mon corps qui brûlait de l’intérieur bien que cela ne se voit pas. Je parvins enfin à articuler, les joues rougies et le sourire malin:

- Je… disons que… tu m’intrigues.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il se retrouva face à notre table, regardant les journaux étalés dessus. Ma main avait été reposée sur ma cuisse sans que je ne m’en rende compte. Je repris une respiration « normale » et fis mine de regarder à mon tour les journaux. Bien que j’essaie de me concentrer, je ne pensais qu’à une chose: la délicate froideur de ses mains et son regard envoûtant. Je me sentis alors partir dans une sorte de rêverie digne d’Aly et ne refit surface que lorsque Alec me donna un léger coup de coude en me prévenant que le prof arrivait.

Tout sourire, il expliqua alors à celui-ci ce que nous avions trouvé d’intéressant dans chacun de ces journaux. Il ne me semblait pourtant pas que nous ayons eu assez de temps pour tous les feuilleter… je restais sceptique. Satisfait, l’homme s’éloigna vers une autre table afin de faire le même constat sur le groupe suivant. Je me demandais comment se passait le cours d’Aly, espérant qu’elle n’ait pas oublié de respirer. Alec me sortit de mes pensées en me demandant, me regardant du coin de l’œil:

- Comment tu réagirais si je te disais que je suis désolé pour hier.
- Je te demanderais si tu te fous de moi. répliquai-je sur un ton plus agressif que prévu.
- C’est juste que… je ne savais pas comment attirer ton attention et…
- Et…? le coupai-je sans défroncer les sourcils.
- Je crois que ça a marché, non?

Une fois de plus, mon cœur eut un raté. Si cela continuait ainsi je finirais à l’hôpital ! Je ne comprenais pas comment une personne aussi hautaine dans sa façon de parler pouvait me paraître aussi intrigante. Je ne pus échapper un rire, avouant ainsi qu’il avait bien raison. Il avait bel et bien attirer mon attention, bien que cela fut assez maladroit. Le reste du cours, nous tentâmes de travailler sans parler de nous et de nos problèmes de la veille. J’étais heureuse qu’il n’ait pas remarqué mes frissons et mes bouffées de chaleur… à moins qu’il le sache mais n’ai pas cherché à m’en informer, qui sait? Brrr, c’était agaçant et quelque peu gênant de penser qu’il s’en serait rendu compte.

Je ne sais pas exactement comment nous fîmes pour travailler « normalement » mais le cours passa à une vitesse folle, comme si Alec avait réussi à faire en sorte que ce cours me captive. Ce ne fut qu’une fois le cours terminé que le prof ferma le livre qu’il avait dans la main, et annonça le programme du prochain cours qui se tiendrait deux jours plus tard. Alors que je rangeais mes affaires, je vis - ou du moins aperçus - Alec se lever et quitter la salle sans un bruit, sans faire voler une seule feuille de journal. Sa discrétion m’étonnait mais cela ne m’empêcha pas de me dépêcher de quitter les lieux pour rejoindre Aly qui avait sûrement des choses à me raconter.

Aly.
Je n’avais plus la notion du temps. J’étais si absorbée par Edward récitant encore et encore de son doux ténor la tirade de Roméo que nous avions à étudier que j’avais du mal à me concentrer sur l’analyse proprement dite du texte. Il du me « réveiller » en me disant à l’oreille :

- C’est l’heure. Debout.

Je clignais plusieurs fois des yeux et il rigola.

- Désolée… Fis-je honteuse.
- C’est à moi de m’excuser, j’aurais du me surveiller.

Je voulu protester mais il m’en empêcha en posant sa paume glacée sur le dos de ma main. Un courant électrique se déversa alors en moi. Il retira vivement sa main de la mienne visiblement secoué, lui aussi, par ce qu’il venait de se produire. Je savais bien que sa main n’était plus sur la mienne mais c’était la même chose avec ou sans. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine et je ne savais plus très bien comment l’arrêter. Je l’entendis murmurer « Respire » et m’exécutais aussitôt. Je rangeais mes affaires dans mon sac et sortis de la salle peu après Edward. J’étais encore à la dérive quand Chloé me héla :

- Hé Aly! Où tu vas comme ça? Attends moi!
- Hein? Oh excuse…
- C’est Edward, hein?
- Oui… Il a lu la tirade de Roméo.
- Oh!

Elle avait du m’imaginer envoûtée par sa voix… Je levais les yeux au ciel et m’excusais encore une fois.

- On va pas en faire un plat. C’est normal... Me fit-elle en lâchant son petit rire bref qui me mit automatiquement la puce à l’oreille quant à ce qui s‘était passé dans son cours. Alec avait dû lui jouer son petit numéro de séducteur…
- Toi aussi? Demandais-je bien que sûre de la réponse qu’elle me donnerait.
- Oui… Alec est pour ainsi dire très… persuasif… quand il le veut.
- Oh! Je devrais peut être me méfier de ça chez lui pour peu qu’il veuille me convaincre qu’il est innocent et doux comme un agneau.
- Je ne pense pas qu’il essayera avec toi… Il aime les ennuis si je puis dire et à lui répondre tu l’amuses au plus haut point…
- Ah… Je ne sais pas si ça me réjouis au si au contraire ça m’énerve.

Beaucoup d’élèves nous considéraient comme bizarres hier mais apparemment, cette « bizarrerie » que nous avions s’était brusquement accentuée depuis qu’Alex et Edward traînait plus ou moins avec nous ou nous avec eux. Tous dépendait du point de vue qu’on adoptait… Après tout, je me fichais qu’ils me trouvent bizarre. Je n’avais pas besoin d’eux pour faire ma vie après tout.

Il était l’heure de manger et Chloé avançait presque en sautillant un peu plus en avant de moi. Alec n’avait apparemment pas gâcher sa bonne humeur, c’était déjà ça de pris. De nouveau, je sentis le courant électrique… Edward! Ce dernier marchait à côté de moi comme si de rien n’était en souriant. Depuis quand était-il là à marcher à côté de moi? Je remarquais aussi Alec devant avec Chloé et aussitôt je sentis le sarcasme me chatouiller les lèvres. Dieu qu’il m’agaçait et j’aurais mis ma main à couper qu’il le sentait. Il tourna la tête vers moi et me sourie en coin. Crétin! Persiflais-je dans ma tête. Mon dieu ! Ils n’allaient quand même pas s’asseoir avec nous pour le déjeuner! Si?!

Bah voilà, nous étions devant la porte du self dans la queue comme hier à la différence que Chloé avait Alec à ses côtés et moi j’avais Edward. Ce dernier me regardait avec envie. Il était impatient d’avoir ce long entretien que je lui avais promis sans trop réfléchir aux conséquences que ça allait avoir par la suite. Il était aussi perplexe toutefois se demandant sûrement pourquoi j’étais si nerveuse. Alec m’horripilait d’un côté et les regards curieux des autres élèves me gênaient de l’autre. Ce n’était vraiment pas une situation qui m’incitait à rester calme. J’étais prête à sortir les griffes à la moindre phrase de travers qu’il y aurait. Mon seuil de tolérance arrivait presque à saturation… Pourtant, j’inspirais profondément et la pression redescendit brusquement : Alec?!?

Edward et Alec prirent un plateau comme nous et nous allâmes nous asseoir à une table à l’écart des autres. Je devinais sans peine que c’était la leur mais cette fois-ci, tout se passa pour le mieux. C’est bizarre la veille, la même scène avait presque tourné au drame et aujourd’hui, Chloé et moi faisions « partie de la famille » même si ce n’était pas vraiment le cas. Aucun de nous 4 n’osa parler pendant le déjeuner. Chloé pourtant bavarde pendant un repas ne voulait pas parler. Elle était mal-à-l’aise. Et moi, sans Chloé pour me délier la langue, je restais aussi muette qu’une tombe. Même Edward et Alec ne bougeait pas. Aucun de nous ne savait comment si prendre pour dégeler la situation. C’était tellement inédit, autant pour eux que pour nous, que s’en était gênant. Trop compréhensible de leur point de vue pour peu qu’on arrive à se mettre dans la peau d’un vampire et du nôtre aussi. Aucune humaine « raisonnable » n’irait fréquenter la seule espèce capable de la tuer par mégarde… Nous n’étions visiblement pas des humaines raisonnables mais tant pis, c’était comme ça et on n’y pouvait rien. Si on avait voulu les éviter, il ne fallait pas que nous soyons ici en ce moment même, assises à leur table, aussi à l’aise que possible malgré la gêne ambiante et tout ce qu’il y avait d’autre d’humain chez nous d’ailleurs. C’était trop tard, toujours trop tard pour changer quoique ce soit. D’ailleurs voulions nous changer quelque chose? Pour peu que j’en savais quelque chose, je dirais que non. Autant pour Chloé que pour moi.

J’observais Chloé du coin de l’œil. Elle réfléchissait tout en mordant à petites bouchées dans son hamburger. Alec observait ses lèvres remuer et Edward semblait « absent ». Soudainement, il parla :

- Certaines choses ne sont pas comme ça en ce qui nous concerne avec Alex. Chloé releva vivement la tête vers lui les sourcils froncés. Désolé. Ajouta vivement Edward. Mais j’ai étais tellement surpris par ta pensée à ce sujet que… enfin… Bref. Pardon chloé.
- Explique toi alors. Demanda Chloé sans avoir l’air d’avoir pris en compte les excuses d’Edward.
- Ce soir. Répondit simplement Edward sur le même ton. Visiblement, le même genre d’animosité animait Chloé et Edward que lorsque qu’il s’agissait d’Alec et moi. Ca promettait d’être joyeux à long terme… Néanmoins, Edward essaya encore une fois de détendre l’atmosphère en parlant musique à Chloé.
- Tes pensées sont très… musicales. Tu aimes la musique?

Chloé.

Une fois de plus, je me retrouvai au côté d’Alec. Qu’avait-il donc à me coller ainsi? Encore qu’Edward joue au toutou avec Aly je comprenais - il était carrément raide dingue d’elle - mais là… je ne comprenais pas le raisonnement de celui qui m’accompagnait sans mot dire. Je ne cherchai pas pour autant à lui exprimer mon mécontentement face à ce comportement déstabilisant. Je restais silencieuse, tout comme le reste de la petite troupe que nous formions. Je remplis mon plateau sans prêter attention à ce qui m’entourait: une fois devant de la nourriture, j’avais du mal à penser à autre chose que manger xD Installant un hamburger et des frites dans une assiette, je me demandai cependant si Aly allait réussir à se rappeler de respirer du fait de la proximité d’Edward. Un sourire léger naquit sur mon visage, trahissant ma pensée à l’idée qu’il forme un couple.

Aly et moi nous assîmes autour d’une table ronde, mais nous fîmes vite encadrer par les deux gaillards à la peau pâle et au regard envoûtant. Commençant à grignoter quelques frites en silence, j’observais brièvement la pièce et les élèves qui nous regardaient du coin de l’œil. J’avais l’impression d’être une bête de cirque au beau milieu d’une fanfare et cela manqua de me faire rire. La situation était ridicule… ils étaient ridicules à nous fixer ainsi en pensant que nous étions bizarres, et que nous traînions avec des gens pas plus normaux que nous. Je m’attaquais finalement à mon hamburger, mordant par petites bouchées tout en pensant à Alec et Edward.

Je pensais que les vampires étaient du genre à ne pas contrôler leurs pulsions assassines… pourtant ces deux là auraient eu 100 fois l’occasion de nous tuer… à moins que ce ne soit prévu pour bientôt… pensais-je, me questionnant moi-même. Je songeais à tout les récits que j’avais pu lire, voir ou entendre à propos de ces êtres buveurs de sang, les mythes tombant tous dans mon esprit au rythme d’une musique bruyante qui aurait pu être comparé à de la techno. J’entendais ce battement répétitif au fur et à mesure qu’une légende me revenait, mes aussi mes propres réactions qui rajoutaient des notes de malice à cette mélodie.

Je fus tirer de mes pensées par la voix mielleuse d’Edward qui m’agaçait temps. J’avais toujours l’impression qu’il jouait la comédie lorsqu’il parlait car rien ne me paraissait naturel dans sa voix, bien qu’elle soit mélodieuse et agréable à l’oreille. Je compris rapidement qu’il était en train de fouiller dans mes pensées et cela ne fit qu’augmenter ma frustration. J’avais l’impression d’être espionnée par un inconnu. Cependant, sa dernière remarque me surprit. Mon corps se durcit, et ce fut droite comme un « i » que je le dévisageais, manquant de m‘étouffer.

- Qu’… qu’est-ce que t’as dit?
- Je disais juste que tu avais des pensées très musicales. ajouta-il, le sourire aux lèvres.
- Tu devais être bien attentif pour t’en rendre compte. lui répondis-je sur un ton acide, montrant mon dégoût par son intrusion dans mes pensées.
- Désolé… je ne pensais pas à mal.
- Mais arrêtes de t’excuser idiot…

Ce dernier sonna dans ma bouche sans réel méchanceté mais plutôt comme de la lassitude. Je jetai un coup d’œil à Aly, hésitante à parler puis à Alec qui, lui, ne se fit pas prier pour ajouter son grain de sel.

- Ouhhh, mais c’est que vous vous appréciez tout les deux! Dit-il sur un ton des plus ironiques. Il n’avait toujours pas touché à son assiette alors que j’avais déjà bien entamé mon hamburger et mes frites. J’arquai un sourire et me mit à sourire malgré moi, me mettant même à rire… rire que j’essayais d’étouffer en posant ma main devant ma bouche. Je ne pus résister à lancer un regard à mon amie qui, bien sur, eut la même envie irrésistible de rire. Je me détendais peu à peu, mon corps se détendant et me remit à manger comme si de rien n’était. Je donnais ensuite un petit coup de coude à Aly en lui disant:

- Alors ce cours? C’était bien ou bien?

Je manquai de rajouter un « hé hé » mais je n’aurais pas eu le privilège de voir sa mine surprise, s’empourprant légèrement. C’est trop mimi, me surpris-je à penser. Je l’empêchais cependant de me répondre, enchaînant directement sur un autre sujet sans aucun rapport. Je demandais alors à Alec, préférant ne pas avoir à faire à la voix d’Edward:

- Y’a souvent des rencontres sportives dans le coin ou pas? Du genre des match de basket ou de football américain entre établissements?

Ce ne fut que lorsque ses yeux émeraudes se posèrent sur moi que je me demandai si je n’aurais pas mieux fait de demander directement à Edward. Quelque chose en Alec m’envoûtait malgré moi et il semblait user de son charme avec délice. Je lui rendis son sourire tout en haussant un sourcil tentant de ne pas lui montrer ma faiblesse. Il me répondit, alors que je reportais mon regard vers mon assiette:

- Y’en a presque tous les trois mois, à peu près. Y’en a une ce week-end pour débuter l’année et la prochaine sera après les vacances.

Je me rendis alors compte que mes pensées me trahissaient, et c’est en pensant à la capacité d’Edward que je tentais de faire un maximum de bruit dans ma tête répétant des « blablablablablablabla » afin de couvrir mes pensées pour le regard d’Alec.

Aly.

La garce ! Pensais-je de Chloé au même moment où elle avait demandé comment mon cours s’était passé. Elle le savait et elle le redemandait tout ça pour me charrier! La garce ! Néanmoins, j’étais à l’abris des intrusions d’Edward contrairement à elle et je me surpris à espérer qu’Edward continue un peu (beaucoup?) à l’embêter en découvrant ses petits secrets. En particulier sur Alec… Lorsque ce dernier lui avait répondu que les matchs entre établissements se faisaient en général tout les trois mois avec un sourire qui ne dissimulait en aucun cas son plaisir quant au sujet de discussion son goût pour ces sports, je sentis plus que je ne vis l’attraction qu’exerçait Alec sur Chloé. Même Edward apportait de temps à autres quelques précisions. Lui aussi était enthousiaste à cette idée et ils conversèrent tous les trois de sport me retrouvant à l’écart, seule avec mes pensées. Alec s’aperçut de ma non-participation à la discussion et il me lança taquin son éternel sourire en coin (qui m’agaçait au plus haut point) collé au visage :

- Alors Aly, tu n’aimes pas le sport? C’est trop brutal pour toi?
- En quoi ça te regarde Casanova? Il avait en plus de ses intonations taquines adopté un ton mielleux et sucré réservé aux gens que je qualifiais de lèche-bottes.

- Je veux juste savoir pourquoi tu n’aimes pas.
- Je n’aime pas c’est tout. Il n’y a pas forcément de raison à cela. Maintenant lâche-moi les baskets tu veux?
- A ta guise.

Son ton mielleux était tout bonnement insupportable. Je me levais de la table et partit porter mon plateau à laver et sortit de la cafétéria. Le vent froid qui soufflait au dehors me gifla et je commençais à claquer des dents au fur et à mesure que je sentais le froid passer au travers des mailles de mes vêtements. Me forcer au calme maintenant ne serait vraiment pas une bonne idée. Je n’arrivais d’ailleurs à rien de bon. Je me promis de ne plus donner à Alec l’occasion de m’énerver ainsi. Je me stoppais net devant l’entrée du bâtiment 2 en entendant (enfin) le doux ténor d’Edward derrière moi.

- Aly! ça va?
- J’ai l’air d’aller bien? Fis-je la voix tremblant sous la colère qui se transformait peu à peu en larmes.
- Excuse-le, Alex ne se maîtrise pas, il n’y arrive pas. Je te jure qu’il essaye mais il dérape constamment.
- Je crois que l’excuser pour le moment est un peu au dessus de mes forces.

Sa main froide glissa le long de ma joue, écrasant une à une les larmes qui coulaient indépendamment de ma volonté. Je m’abandonnais à sa caresse laissant mon corps et mon esprit partir à la dérive.

- Pourquoi as-tu pleuré? Me demanda-t-il une fois que je fus calmée.
- C’est toujours comme ça quand j’ai un trop plein d’émotions. J’encaisse toujours et arrivée au seuil, je craque. Mon problème c’est que je suis trop émotive mais je ne montre rien. Ca se devine mais la profondeur est insondable. Parfois ça me désespère encore plus quand je prends la pleine mesure de ma tristesse. Je préfère laisser passer et trouver autre chose pour oublier même si je sais que de cette manière la ou les blessure(s) ne sont jamais totalement refermées j’ai trop peur de les explorer en profondeur.
- Tu es 100 fois plus jolie quand tu souries Aly. Je n’ai beau avoir vu ce sourire qu’au travers des pensées de Chloé, le contraste est pour le moins saisissant…
- Tu m’espionnes souvent comme ça?
- Dès que je peux, c’est plus fort que moi, il faut que je sache ce que tu penses. Quand je crois savoir, tu fais le contraire.
- Désolée. Dis-je un air faussement innocent sur le visage.

Edward sourit en entendant ce petit mensonge et il enleva sa main de ma joue. J’eus peur de sombrer à nouveau mais rien ne vînt. Edward pris ma main dans la sienne jusqu’aux abords de la cafétéria où nous allions retrouver Chloé et Alec il me lâcha la main quand il entra dans le self. J’entrais peu après lui peu sûre du contrôle que j’avais d’habitude sur mes émotions mais bizarrement, je me sentais vidée ; comme privée de mes émotions. Ca sera ça en moins pour Alec et tant mieux pensais-je. Je me rassis à notre table tout comme Edward. Une fois à table, je me demandais ce qui avait pu se passer entre Alec et Chloé.

Alec.

L’excitation manqua de me submerger quand Aly quitta la table visiblement hors d’elle et sur le point de craquer. Je voulais plus que tout me retrouver seul avec Chloé. Je jubilais intérieurement quand Edward se leva pour la rejoindre en me lançant au préalable un regard noir qui inaugurait rien de bon quand à la scène qui allait s’en suivre plus tard mais bon tant pis. Je voulais Chloé et je l’aurais. Peu m’importait le moyen quand il s’agissait d’une chose que je voulais plus que tout. Un sourire étirait mes lèvres, j’étais euphorique, mon stratagème avait marché plus que ce que j’avais espéré et pour le coup je n’avais aucune excuse à donner à Aly ni même à Edward. Ce dernier me connaissait par cœur mais c’est vrai que je n’avais pas été fair-play pour ménager cette petite Aly. Elle essayait d’être forte mais elle n’y arrivait pas toujours. Elle savait que garder ses frustrations pour elle était mauvais mais elle n’osait rien soigner et j’allais m’en servir. J’adorais jouer avec elle la pousser à bout je me demandais jusqu’à quel point je pourrais aller. Certes c’était méchant de ma part mais pas vraiment de la méchanceté. Pour une fois que je pouvais m’amuser. Était-ce si mal? De mon point de vue non. Chloé me ferait-elle la tête si elle l’apprenait? Cette question me fit quelque peu regretter mon acte mais pas assez cependant pour me faire bouger et aller m’excuser auprès d’Aly.

Chloé mangeait plus lentement que d’habitude. A cause de moi à n’en pas douter. Je la contemplais, fasciné par ses lèvres qui remuaient doucement sous le coup de ses dents qui tranchaient et broyaient les aliments. Même ses yeux arrivaient à me scotcher. La lueur qui y brillait était fascinante surtout quand elle comprenait ce qui lui arrivait mais qu’elle ne faisait rien pour l’en empêcher parce que j’y étais pour quelque chose. Elle était mienne au moins pour cela.

Une pointe d’agacement arriva quand j’aperçus Edward réapparaître dans l’encadrement de la porte suivi par Aly. Déjà de retour? C’était agaçant! Tant pis, je remettrais ça une prochaine fois.


Chloé.

Alec avait vraiment poussé le bouchon un peu trop loin. Aly en était partie bouleversée, prête à fondre en larmes mais ce fut Edward qui me devança afin d’aller la réconforter. Malgré le fait qu’il m’agace, je me disais qu’il était peut-être plus apte à la calmer que je ne l’étais. Il semblait aussi léger qu’une plume celui-là, au point que cela en devenait agaçant de le voir marcher. Je me surpris à penser que, même les jambes coupées, il aura cette même allure gracieuse. Si ça c’était pas injuste!

Je me retrouvais donc seule à seul avec Alec que je prenais soin de ne pas regarder, mordillant mon hamburger, avalant mes frites doucement tandis que je réfléchissais à la situation. Je sentais pourtant son regard se poser sur moi comme il le faisait depuis que je l’avais rencontré. Cette fois-ci aucun frisson ne s’empara de moi. La seule chose qui apparut fut l’étrange envie de me mettre à rire pour lui signifier le ridicule de la situation. Cela ne vous était-il jamais arriver de vous mettre à rire pendant une situation très triste? Heureusement, je retins cette envie et me concentrais sur mes frites. Miam, au moins ça, ça ne me décevait jamais.

Je ne vis pas Edward arriver mais je perçus cependant le soupir de dépit que lança Alec en l’apercevant. Je relevai enfin mon nez de mon assiette et me demandais ce que ce cher Edward avait pu dire à Aly en si peu de temps pour la calmer. J’arquai un sourcil, passant ma langue sur le coin de ma lèvre pour en rattraper les quelques miettes qui s’y trouvait et utilisait une serviette en papier pour m’essuyer la bouche. Je regardai soudain Alec et lui lançai:

- Quoi? J’ai de la salade entre les dents?

Son rire semblable à des carillons retentit, alors qu’il me répondait:

- Non, non. Je t’expliquerais plus tard.
- C’est une manie chez vous de tous reporter à plus tard ou quoi? répliquai-je en souriant.

Je regardai ensuite Aly reprendre avec hésitation sa place à côté de moi. Je passais mon bras sur son épaule et lui lançai:

- Toi t’as besoin d’une bonne glace !!

Oui oui je sais, je passe pour une morfale mais bon, c’était un de mes petits pêchers mignons. Je poussais alors Alec en lui disant de dégager tout en riant malicieusement. Il finit par s’écarter, me permettant ainsi de faire le tour de la table (je n’allais pas non plus monter sur la table pour pouvoir sortir de là hein?!). Je me dirigeais donc vers les desserts gardés au frais et choisis une glace tout en vérifiant qu’Aly n’était pas en proie aux mesquineries d’Alec. Il avait beau avoir du charme - et encore le mot est faible - il n’avait pas intérêt de causer des problèmes à ma meilleure amie sous peine de représailles. Je remarquais cependant qu’Edward s’était rapproché discrètement d’Aly, comme pour mieux lui faire profiter de sa présence. Je levais les yeux au ciel, le ramequin empli de glace dans une main, et soupirai de dépit. Décidemment, il avait du être un chien dans une autre vie celui-là. La question étant maintenant s’il tenait plus du caniche ou du pit-bull.

Je revins vers notre table et attendis qu’Alec se lève pour me laisser passer mais il ne bougea pas. Je m’avançais pour tendre la glace à Aly puis tapotait la table en regardant Alec fixement, le sourire aux lèvres. Lui n’avait toujours pas quitté ce regard envoûtant et ne cessait de sourire. Brrr, j’en avais des frissons ça y est ! A moins que ce ne soit la glace qui m’ait ainsi refroidie?

- Allez Alec laisse moi passer.
- Alex… répondit-il en souriant malicieusement.
- Quoi?
- Arrête de m’appeler Alec et je te laisse passer. ajouta-t-il comme si nous avions besoin de faire un compromis pour que j’ai un droit de passage.
- Ça te va trop bien… pourquoi j’arrêterai de t’appeler comme ça, hein?

Edward riait déjà dans son coin, passant sûrement dans mon esprit afin de savoir ce que chacun de nous deux pensions à cet instant. Il me sembla le voir murmurer quelque chose à l’oreille d’Aly mais j’étais trop concentrée par ma « discussion » avec Alec que je ne vérifiai pas. Je ne cessai de sourire face à la situation, et entendit alors Aly et Edward discuter entre eux, nous oubliant au passage. Ce fut à cet instant que je sentis la main d’Alec entourer mon poignet, se levant au passage pour me faire face. Me dominant d’au moins une tête, il me murmura à voix basse au creux de l‘oreille, ma peau vibrant au rythme de sa voix suave:

- Appelle moi Alex et j’arrête d’embêter Aly…
- Serait-ce du chantage? ajoutai-je en lui murmurant à mon tour à l’oreille.
- Tout dépend du point de vue.

Il me sembla alors sentir ses lèvres sur mon cou mais le contact fut si bref que je me dis avoir rêvé. Je manquai de sursauter et dis alors sur un ton normal afin que tout ma table entende:

- D’accord… veux-tu bien me laisser passer… Alex?
- Mais bien sûr, il suffisait de demander. ajouta-il ironiquement.

Ma réaction aurait pu passer pour de la faiblesse mais je savais bien qu’il valait mieux pour tout le monde qu’il laisse Aly tranquille. Ce n’était pas le moment de la stresser et de nous créer des problèmes. Nous venions à peine d’arriver après tout. Et puis ce n’était pas un simple mot qui allait changer ma vie non plus, non?

Je repris ma place, sentant la main d’Alec se détacher de mon poignet avec délicatesse, passant ensuite dans mon dos pour finalement se poser sur la table. Je demandai alors à mon amie:

- Alors cette glace?